Document 8 : Un peu de théorie.
Fin décembre 1995, seize membres de l’Ordre du Temple solaire ont été retrouvés morts dans une forêt du Vercors, en France. Meurtres ou suicides rituels, l’enquête est en cours. En mars 1995, c’est au Japon qu’une secte avait fait la une, lors d’un attentat au gaz dans le métro de Tokyo.
La Commission des Droits de l’homme a établi en 1993 une définition des sectes : des « groupements se présentant ou non comme des religions, dont les pratiques sont susceptibles de tomber sous le coup de la législation en matière de protection des personnes ou de l’Etat de droit ». Une secte serait donc une association de personnes qui, sous couvert d’une adhésion volontaire de celles-ci, contrevient aux droits des individus ou œuvre dans l’illégalité en matière économique par exemple. Cette définition rejoint l’image négative des sectes : le nom même de « secte » est désormais porteur d’un jugement dévalorisant.
Les sectes peuvent être classées en trois catégories. Les sectes d’inspiration chrétienne, s’opposant aux Eglises mais recouvrant à la Bible et annonçant la fin des temps (Témoins de Jehova, Mormons, etc.) ; les sectes d’inspiration orientale et asiatique, axées sur l’expérience mystique et la vénération d’un maître (Krishna, Moon, etc) ; les sectes prétendument détentrices des mystères la religion (Temple solaire, Eglise de scientologie, etc.). Toutes pratiquent à leur manière le prosélytisme, c’est-à-dire le recrutement intensif de nouveaux adeptes et la propagation plus ou moins appuyée de leurs idées.
Les sectes actives actuellement sont relativement récentes (la moitié d’entre elles sont nées après 1950). Jusqu’aux années 1960-70, l’opposition aux sectes était surtout le fait des Eglises. Puis la société elle-même s’est sentie agressée par une nouvelle vague de sectes profitant de la tendance au repli sur soi, de la perte des repères religieux classiques (A voix basses, on évoque les dégâts causés par le Concile Vatican II). Ainsi, bien que le phénomène des sectes soit encore peu analysé, quelques études officielles ont été effectuées (rapport « Cotrel » au parlement européen en 1984 et rapport du député Vivien, un an plus tard, en France).
Les sectes utilisent généralement un argument religieux (répondant à la recherche du sens de la vie, de la mort), exigent une totale soumission de leurs membres (ou l’obtiennent par des méthodes de dépersonnalisation – isolement du monde extérieur, stricte discipline collective, privation de sommeil, etc.). Elles opposent « l’ordre » qu’elles représentent à la société, considérée comme « mauvaise » ou « perdue ». Recrutant avec une grande patience (souvent avec une grande douceur), et sous des dehors de respectabilité (enseignement, aide à la spiritualité, soutien des plus faibles, etc.), elles tirent profit des biens et travaux de leurs membres endoctrinés (leçons ou cours payants, dons, travail bénévole de démarchage, etc.).
En Belgique, une quarantaine de sectes seraient actives. Sur base d’évaluations, on peut estimer à environ 40.000 le nombre de leurs adeptes, issus de tous les milieux sociaux. Les libertés d’association et d’opinion étant garanties, la justice belge, comme celle des autres pays européens, est mal armée pour lutter contre l’argument de religiosité et de liberté de conscience invoqué par les sectes surprises dans des activités délictueuses (atteintes aux libertés individuelles, escroqueries). L’installation d’une commission parlementaire chargée de se pencher sur le problème général des sectes en Belge est à l’étude.
Les derniers grands drames collectifs impliquant des sectes, symboles des dérapages possibles dans ces groupements :
Novembre 1978 : (Guyana) Suicide collectif de 913 adeptes de la secte américaine « Temple du peuple ».
Avril 1993 : (Waco – USA) Siège de 21 jours puis assaut par le FBI d’un ranch où se sont retranchés des adeptes de la secte des Davidiens. 72 morts.
Octobre 1994 : (Suisse et Québec) Meurtres ou suicides rituels (?) : mort de 53 membres de la secte de l’Ordre du Temple solaire.
Décembre 1995 : (France) suicides ou meurtres collectifs (?) : mort de 16 membres de la secte de l’Ordre du Temple solaire.
Adepte (n.m. ou n.f.) :
C’est celui qui est initié aux mystères d’une science, ou d’une religion. Mais, c’est aussi le fidèle, le partisan d’une doctrine. C’est donc le nom qu’on donne aux membres d’une secte, évoquant leur soumission aux règles de cette secte, parfois acquise au terme d’un long endoctrinement orchestré par ses responsables.