Les sectes

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Document 9 : Un cas particulier, la secte des Nazaréens.

Comment juger que tel groupe est bon ou mauvais ? Admirable, ou inacceptable ? Qu’il est une secte dangereuse, ou un mouvement avec ses différences, mais respectable ? Le mot secte par lui-même ne dit rien car il est toujours donné par une religion majoritaire pour qualifier les groupes minoritaires en les rejetant avec mépris.

Aujourd’hui, la pulsion religieuse semble prendre sa revanche. Les humains ne se satisfont pas de ce monde froid, rationaliste et matérialiste. Ils ont besoin de rêver, de croire, de célébrer… . Mais à qui s’adresser pour gérer cette dimension spirituelle et religieuse ?

Jadis, on se tournait vers l’Eglise, vers les religions officielles. Mais, aujourd’hui, elles n’ont plus bonne presse. Que s’est-il donc passé ?

Dans ce monde désenchanté, l’Eglise elle-même est ébranlée et les vagues de la sécularisation viennent battre ses plages. Parfois, on entend attribuer tout cela au concile Vatican II. « On nous a changé la religion. » N’est-ce pas une explication trop simple ? Même si on ne peut s’empêcher de constater la recrudescence des sectes depuis ce concile ? Même si on ne peut s’empêcher de se dire que l’home est un animal social ayant besoin d’avoir le sentiment d’appartenir à un groupe comme une secte par exemple ? Les sectes ne sont-elles pas finalement considérées par certains comme étant des religions putatives assumant le rôle social que la religion n’assure plus ?

Il faut remonter un peu plus haut dans l’histoire. Au point de départ, les chrétiens ne sont qu’une secte parmi les nombreuses qui pullulent dans le bassin méditerranéen. Mais, cette secte fait de plus en plus parler d’elle. Violemment persécutée par les empereurs romains, elle ne cesse pourtant de croître. Et, un jour, l’empereur lui-même se convertit. Nous sommes en 313. C’est l’heure du tournant constantinien. « Depuis Constantin, l’Eglise a conclu un marché avec César :  » Vous m’accordez un espace vital, une liberté de manœuvre, voire, à l’occasion, un bras séculier pour faire respecter ma doctrine et ma discipline, et en retour je vous servirai de garant moral, je justifierai votre pouvoir…  » (Alain Woodrow).

Tout change dès lors. De marginale, la religion chrétienne va bientôt devenir centrale. C’est elle qui désormais structure la société et lui donne sa cohérence.

Mais, en passant ainsi du côté du pouvoir, l’Eglise va perdre de son indépendance, et l’Evangile de son mordant. L’étape n’est pas nécessairement à regretter. Elle a donné naissance à une civilisation que l’on appelle chrétienne, même si l’adjectif peut être contesté. Mais, on ne peut nier qu’en se confondant avec la société, l’Eglise y a laissé des plumes.

Depuis le « tournant constantinien », christianisme et civilisation occidentale sont étroitement liés. Lorsque la civilisation est ébranlée, l’Eglise elle-même subit le contrecoup. Non seulement la foi chrétienne est mise à la marge de la société et reléguée dans le secteur privé – on parle maintenant de civilisation post-chrétienne – , mais la sécularisation s’est installée à l’intérieur de ses murs et a terni la foi des chrétiens.