La violence

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Document 2 : La spirale infernale de la violence.

Lorsqu’on est un jeune gamin défavorisé et qu’on a pris des coups, on devient violent. Mais cela cache souvent une grande détresse morale.
On en parle beaucoup et peut-être trop, on nous la montre à longueur d’informations et sous toutes les coutures, on la rencontre dans la rue et chez soi. La violence est omniprésente et elle a de multiples facettes. « J’ai commencé à donner des coups parce que j’en avais assez d’en recevoir », raconte Xavier, un jeune Bruxellois de 19 ans. Tabassé dès son plus jeune âge par sa mère et par son beau-père qui le battent à coups de godasses, de ceinture ou de bâton, il en a eu assez. « J’étais la tête de Turc de tous, dans ma famille comme à l’école, puis un jour, j’ai décidé de me rebeller. J’ai commencé à donner des coups et je m’en suis donné à cœur joie. J’en avais tellement reçu. »
C’est aussi parce qu’il en avait « marre d’être tanné par un père alcolo qui frappait pour le plaisir », que Looping, 33 ans, une figure de Bruxelles by night, est devenu agresseur. « A16 ans, je mesurais 1m50 et je pesais 40 kg. Deux ans plus tard, je mesurais 1m80 et je pesais 70 kg. J’ai fait de la compétition en full-contact. J’avais désormais les moyens de ne plus en ramasser sur la gueule et j’ai commencé à frapper. » Avec une telle violence qu’il lui est arrivé de casser les bras de ses adversaires. « Je n’avais aucun remords. Je n’éprouvais rien », explique l’ancien « videur » auquel on ne faisait appel qu’en dernier recours. « Quand j’arrivais, j’avais en face de moi des bandes de skins, de drogués ou d’Arabes, qui emmerdaient tout le monde ou qui jouaient au couteau. J’assommais et je sortais. » S’Il cherchait parfois la bagarre dans les bars louches « quand il avait le mal de vivre ou l’envie de cracher dans la soupe », Looping se défend cependant d’avoir jamais agressé quelqu’un gratuitement. Looping et Xavier s’en sont sortis.
A Fraipont, où il avait été placé par le juge de la jeunesse après un parcours dans les homes, Xavier a changé. C’est en discutant avec les assistant sociaux et les psychologues qu’il a compris que « frapper n’avait aucun intérêt et que mieux valait discuter. » Même si, quand il s’énerve, il lui arrive encore de « frapper les murs ».
« Je n’emploie plus mes poings depuis cinq ans », affirme Looping. Depuis qu’un petit frère a éveillé son sens des responsabilités. Depuis surtout qu’un officier de police lui a tendu la main. « Quand il m’a dit qu’il y avait des gosses qui n’avait jamais reçu une baffe dans leur vie, je ne l’ai pas cru. Il a discuté des heures avec moi », raconte Looping qui éprouve désormais une soit insatiable de dialogue.
« Un comportement violent révèle une faillite dans la capacité à exprimer son agressivité », résume le docteur Zucker, pédospychiatre. Les coups prennent la place des mots. « Ce type de comportement se met en place très tôt. Les jeunes enfants frappent, mordent et griffent. Si les adultes ne mettent pas de limites à leur agressivité, la violence devient un moyen de relation privilégié. » « La violence est comme » un gros bouton rouge sur le nez », renchérit Edwin de Boevé, éducateur de rues dans des quartiers défavorisés de la capitale. « On ne voit plus quelle, alors que derrière elle se cachent souvent une souffrance psychique intense et une accumulation de frustrations ». Le jeune homme explose parce qu’il n’en peut plus. Il adopte un comportement violent vis-à-vis de lui ou vis-à-vis de ce qui l’entoure. Il l’exprime par le vandalisme, la délinquance, la violence verbale et physique. Pour modifier les comportements, certains proposent à ces milieux socio-économiques défavorisés et en situation d’exclusion, des activités sportives, culturelles et sociales. « Mais », précise Edwin de Boevé, « il ne s’agit pas de canaliser ou de donner un exutoire à la violence mais de la prévenir et de la retravailler autrement. »
La violence est-elle une maladie ou un comportement ? Quelles sont les mécanismes qui la régissent dans notre corps ? La soigne-t-on avec des médicaments ou la discussion avec un psychothérapeute suffit-elle ? Autant de questions qui doivent se poser.