La violence

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Document 6 : Ecole… .

Contraints, désormais, de fréquenter l’école jusqu’à dix-huit ans alors qu’ils ont pour seule envie de la quitter : les pouvoirs publics ont décrété l’allongement de la scolarité sans mettre en place les moyens nécessaires à l’accompagnement de cette réforme. D’où la naissance d’une nouvelle catégorie d’élèves – les errants – exclus d’un établissement en cours d’année et n’en trouvant pas d’autre pour les accueillir. D’où également, les difficultés supplémentaires pour des enseignants confrontés à des jeunes qui leur crachent leur révolte au visage. « Ils se vengent sur nous de leur mal de vivre ; l’école est le seul exutoire à leur colère », commente un enseignant liégeois. Les bagarres, les tentatives de racket, les menaces d’agression et les vols surtout empoisonnent le climat d’établissements classés dans les listes noires de l’Education nationale.
C’est dans ces classes que le malaise des pros est sans doute le plus évident, le plus criant. Les dépressions nerveuses, expressions d’une angoisse, sont fréquentes : « Six mois d’arrêt de travail : j’ai craqué devant la succession de petites agressions verbales qui, sans être graves en elles-mêmes, ont fini par me saper le moral. Et j’ai craqué définitivement lorsque j’ai retrouvé ma nouvelle voiture rayée sur toute sa longueur », raconte cet enseignant de l’ouest de Bruxelles. Comme la plupart des autres, il n’en veut pourtant pas – ou alors pas principalement – aux adolescents qu’il va trouver devant lui dès cette semaine. « Pour certains d’entre eux, la violence est une chose normale, ils y baignent depuis leur plus jeune âge. C’est la vie qui a été violente à leur égard. »
L’enseignement professionnel apparaît, il est vrai, comme l’enfant malade d’une école en crie. « Il y a dix ou quinze ans, les professeurs pouvaient encore obtenir certains résultats de leurs élèves en agitant l’idée d’un travail qualifié qui les attendrait à la sortie de leurs études. Mais, aujourd’hui, bien des choses ont changé. »
Ils sont nombreux, ceux qui entrent désabusés dans des classes professionnelles. Parce qu’ils n’ont pas choisi d’y être, parce qu’ils n’ont guère d’illusions sur leur avenir : si certains jugent qu’ils en sortiront, d’autres restent accrochés à l’idée que leur seule perspective est le bureau de chômage. C’est donc de motivation qu’ont besoin ces jeunes. Pour la trouver on pourrait évidemment songer à l’une de ces réformes dont nos ministres ont le secret. Difficile aussi pour les profs de recourir à l’autorité face à des jeunes qui sont largement axés sur les facilitées de la société de consommation (vite et agréable) et influencés par le langage qui l’accompagne ; un langage qui évoque le plaisir, le bien-être, le désir, la facilitée, toutes choses évidemment très éloignées de l’obéissance au « maître ». Il reste que certains enseignants estiment ne pas avoir d’autre solution que le recours parfois brutal à l’autorité, à la répression même.
« On ne peut nier que la répression donne certains résultats. En principe – mais en principe seulement – toute société se rend service en évitant à sa jeunesse de sombrer dans l’angoisse et dans la violence. »