La violence

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Document 4 : Quand le boulot est un enfer.

Un Wallon sur dix souffre de harcèlement psychologique au travail.
« J’ai vécu un enfer ! », explique Patricia, déléguée commerciale pour une société bruxelloise. « Après une altercation avec ma chef, j’ai dû changer de bureau. On m’avait totalement isolée. Ils ont confié tous les dossiers importants à ma collègue. Je n’étais plus invitée au debriefing du matin. J’étais devenue complètement inutile… »
Dans les pays anglo-saxons, on l’appelle « mobbing ». Il consiste à pousser un travailleur à bout par des procédés insidieux : réflexions désobligeantes, reproches répétés, sous-entendus, indifférence totale, voire profond mépris et mise à l’écart de toute décision. Objectif de la manœuvre : amener quelqu’un à démissionner sans que l’entreprise ait à verser d’indemnités.
Dans « L’Entreprise barbare » (Albin Michel, 1999), les auteurs, Albert Durieux et Stéphane Jourdain expliquent que « très souvent la compétence de l’employé n’est pas en cause. Le but inavoué de nombreux dirigeants », disent-ils, « est d’améliorer la productivité et de créer plus de valeur pour leurs actionnaires. »
« Aujourd’hui », ajoutent-ils, « la logique économique est déconnectée de la logique commune, qui voudrait qu’on ne licencie que quand les affaires vont mal. C’est presque devenu une routine : des groupes en excellente santé annoncent la suppression de plusieurs milliers de postes, sous les vivats de la communauté financière qui les récompensent par une progression de leurs cours en Bourse ! »
La réduction d’effectifs est donc devenue le moyen privilégié de créer de la valeur pour les actionnaires. « Aux Etats-Unis, où le système s’est généralisé, vous pouvez perdre votre job du jour au lendemain, mais vous pouvez en retrouver un tout aussi vite. Sachant cela, les salariés acceptent leur sort avec une relative sérénité. Ce qui ajoute encore au côté banal, décomplexé, du licenciement à l’américaine. »
Le harcèlement moral est bien présent chez nous aussi. Mais les victimes ont beaucoup de peine à en parler. Cette pratique peut conduire à quitter son emploi, mais aussi empêcher le travailleur déprimé d’en retrouver un autre. C’est cette angoisse du chômage et la peur des représailles qui poussent à se taire. Ceux qui décident malgré tout de réagir doivent apporter la preuve du harcèlement. Et ce n’est pas facile d’obtenir les témoignages des collègues.
Dernièrement, la Fondation André Renard à Liège, a commandé une enquête au Cléo (Centre liégeois d’études d’opinion) sur la qualité du travail en Wallonie. Les chiffres qui s’en dégagent sont alarmants : 10% des personnes interrogées avouent avoir subi des pressions morales sur leur lieu de travail. 30% d’entre elles ont des problèmes relationnels avec leurs collègues. Car le harcèlement ne s’exerce pas seulement du supérieur vers le subordonné.
Dans un livre paru en 1998 chez Syros, « Le harcèlement moral », Marie-France Hirigoyen, médecin psychothérapeute à Paris, parle aussi du harcèlement horizontal. « C’est celui qui s’opère entre collègues de bureau », explique-t-elle. « Cette attitude méprisante est motivée par des sentiments d’envie. Mais le harcèlement vertical est plus pervers. Il n’existe pas d’attitude à adopter pour y échapper. Il ne faut pas être trop naïf quant à la bienveillance de l’autre.