La mort : vivre et mourir

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Document 7 : Les rites funéraires.

Un rite est un ensemble de paroles, de gestes, d’actions, codifiés et répétés, ayant une valeur symbolique forte et une fonction agissante dans et par rapport à une croyance. En anthropologie, la notion de rite est liée à celle de transition ou de passage. Les événements correspondant aux principales étapes de la vie d’un individu sont marqués par des rituels de passage : naissance, puberté, mariage, fécondité, mort, rituels en rapport avec les cycles saisonniers. La fonction de ces rites est de préparer et d’accompagner les passages entre un état ancien (un avant), et un état nouveau (un après). Dans les sociétés modernes, ces processus de passage sont bouleversés par l’accélération des transformations.

Il existe une grande variété de rites funéraires. Mais, dans toutes les sociétés, les défunts sont l’objet d’attentions particulières. Même si les pratiques sont différentes, y compris sous les mêmes latitudes, elles remplissent les mêmes fonctions. La pratique la plus répandue dans le monde est celle de la toilette funéraire. Cette pratique a une fonction de purification et de préparation à la séparation d’avec le monde des vivants. Les gestes qui accompagnent la mort ont non seulement une fonction hygiénique et morale, mais aussi une fonction psychique : celle de permettre de faire le deuil. Le fait que ces gestes soient aujourd’hui réalisés par des professionnels pose un double problème. Les gens sont protégés du contact avec la mort, mais du coup ils la maîtrisent d’autant plus mal psychologiquement. Le fait d’être dépossédé des rituels de deuil rend celui-ci d’autant plus difficile à faire pour les proches.

Il existe quatre modèles pour les rites de séparation. La crémation consiste en la réduction du corps en cendres. Le plus souvent, les cendres sont conservées. Mais, elles peuvent aussi être dispersées (Rome antique, Inde).

Le 1er four crématoire « moderne » fut construit à Padoue en Italie en 1869 par le docteur Brunetti. Le 1er établissement crématoire fut construit à Milan en 1875 par le Suisse Albert Keller (qui y fut d’ailleurs le premier incinéré le 22 janvier 1876. La crémation est réglementée par la loi instituant la liberté des funérailles. Admise par les protestants en 1898, l’Eglise catholique l’interdit en 1886 mais l’autorise depuis le 5 juillet 1963 à condition qu’elle n’ait pas été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne et qu’elle ne manifeste pas une mise en cause de la foi en la résurrection. Le service religieux est toutefois interdit devant une urne funéraire, celle-ci devant avoir lieu avant la crémation. Elle est refusée par les juifs et non pratiquée par les musulmans.

Le second rite de séparation, l’embaumement ou momification, ne concerne que l’ancienne Egypte et les Autochtones d’Amérique du Sud (Pérou).

L’ensevelissement est destiné à obtenir une décomposition naturelle au contact de la terre. Il existe néanmoins certaines pratiques d’exposition à l’air (Chine, Autochtones d’Amérique du Nord).

Chez les catholiques, baptisés, catéchumènes ont le droit d’être enterrés religieusement. L’évêque peut accorder l’enterrement religieux pour un petit enfant dont les parents envisageaient le baptême ainsi qu’à des baptisés non catholiques ou encore à des laïcs. Seule une attitude d’opposition violente au christianisme entraînerait un refus : apostats notoires, personnes dont l’enterrement religieux ferait scandale. Les frais, le plus souvent, correspondent aux dépenses de la paroisse pour la circonstance (personnel laïc). Le rite rénové en 1969 manifeste la foi ne la résurrection (absoute finale remplacée par un « dernier adieu », couleur violette ou grise plutôt que noire, cierge pascal). Le rituel est adapté aux usages locaux et aux requêtes des familles. La crémation est acceptée. Dans des circonstances exceptionnelles, la célébration des obsèques peut avoir lieu en l’absence du corps (dons d’organes, disparitions en mer …). La messe des défunts dite de requiem vient du 1er mot de son chant d’ouverture : « requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis. » (Donne-leur, Seigneur, le repos éternel et que la lumière éternelle brille pour eux).

Les protestants n’ont pas de rituel précis. Certains préfèrent l’inhumation dans l’intimité, suivie d’un culte de reconnaissance au temple quelques jours plus tard, en particulier quand l’inhumation se fait loin de la paroisse d’origine ou l’été. Généralement, ils choisissent le culte de reconnaissance, le cercueil étant dans le temple. Une liturgie appropriée existe dans chaque cas.

Chez les israélites, il n’y a pas de cérémonie religieuse à la synagogue. Lecture de psaumes avant le transfert au cimetière. Prières et psaumes au cimetière. Toilette et vêtements rituels. Prières après les obsèques au domicile du défunt.

Chez les musulmans, on pratique le lavage rituel du corps, prières au domicile de la famille et au cimetière au moment de l’inhumation.

L’abandon des cadavres aux animaux charognards est une pratique liée à des conceptions sur le lien entre l’homme et la nature. Le cannibalisme peut être lié à la recherche de continuer à faire vivre le mort à travers les vivants. Enfin, de nouvelles pratiques sont en train d’apparaître : réfrigération, conservation dans l’azote liquide…

L’accompagnement du défunt est l’occasion de la manifestation des sentiments des vivants. C’est aussi le rassemblement des vivants dans la période proche de la mort. Mais, parfois, ce rassemblement est très décalé dans le temps. La forme des manifestations est très variée. Elle apparaît comme secondaire par rapport à la codification sociale qu’elle implique : pleurs, manifestations d’indifférence ou parfois joie, changement d’apparence physique et vestimentaire (rôle des couleurs et de leur symbolique).

Certains individus ont un rôle social particulier par rapport à la mort : pleureurs, fabricants d’objets funéraires (catafalques, cercueils, urnes, …), embaumeurs, musiciens, comédiens, incinérateurs, croque-morts. Dans les sociétés modernes, ces rôles sont assumés par des professionnels de la mort. Toutes ces fonctions sont assurées par les entreprises de pompes funèbres. Les représentants des cultes et des croyances religieuses servent d’intermédiaires. Ce sont les « passeurs » entre le monde des vivants et celui des morts.