Vivre, mourir, revivre

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Document 3 : Mourir pour vivre plus.

Est-ce que l’amour ou la fraternité continuent au-delà de la mort ? Comment peut-on mourir pour vivre ? C’est complètement absurde : c’est justement quand on meurt que la vie s’arrête ! Il y a pourtant des gens qui affirment que ce n’est pas terminé, et que nous continuons à vivre. Mais, mourir pour vivre plus, c’est complètement fou !

Et pourtant, c’est là-dessus que l’apôtre Paul insiste tellement. Plus fort, encore : il parle à ses disciples comme s’ils étaient déjà morts, ayant ainsi vaincu la mort. Cela semble astucieux, c’est vrai, mais que pouvons-nous en penser 20 siècles plus tard ? Comment ces disciples pouvaient-ils lire ses lettres s’ils étaient déjà morts et comment pouvaient-ils ainsi vaincre la mort ?

Dans ses lettres, Paul ne parle évidemment pas de la mort corporelle. Pour lui, elle est même moins importante que la mort de l’esprit. Pour Paul, le péché est la véritable mort de l’homme. Aïe ! Voilà un mot que nous n’aimons pas ! Il sort des vieux livres de catéchisme jaunis d’autrefois dans lesquels l’instituteur pointait du doigt tout ce que l’on ne pouvait pas faire. Mais quel est le véritable sens du mot péché ? Nous lui avons spontanément donné une signification familière différente : samedi après-midi, il y avait une fête, mais pour l’une ou l’autre raison, on n’avait pas envie d’y aller. Quand on apprend à quel point nos amis s’y sont amusés, nous regrettons notre erreur et on déclare que c’était un péché de ne pas y être aller. Dans cet exemple, péché veut dire erreur. Celui qui commet cette erreur se met à l’écart de la vraie vie. C’est un péché. Cela veut dire spirituellement mort. Il y a évidemment des choses qu’il vaut mieux ne pas faire, pas parce qu’elles sont interdites, mais parce qu’elles nous empêchent radicalement, nous et les autres, d’être véritablement heureux.

Nous nous sentons malheureux quand nous nous enfermons avec nos problèmes, quand nous sommes persuadés que personne n’a la vie aussi dure ou aussi difficile que nous, quand nous ressassons nos soucis et ne voyons plus ce qui se passe autour de nous. Dans tous ces cas, nous nous refermons sur nous-mêmes. Nous sommes coupés du monde et de notre entourage. Nous sommes obsédés par notre propre souffrance. Nous pouvons donc dire que nous sommes malheureux si nous ne ressentons pas d’amour pour nous-mêmes ou pour notre entourage. Nous ne sentons rien d’autre que notre destinée.

Il n’y a cependant rien de plus humain que l’expérience de la solitude. C’est surtout dans la souffrance et la douleur que nous nous sentons abandonnés. Finalement, nous devons supporter seuls la douleur, la maladie ou l’humiliation, la déception dans l’amitié, le chagrin face au décès d’un parent. Même Jésus a ressenti cela quand, sur la croix, il a crié : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce jour-là, Lui aussi a « connu l’enfer ».

Chacun passe par son propre enfer. Mais, même dans cet enfer, nous pouvons choisir l’amour. Nous pouvons essayer de participer à ce qui se passe autour de nous. Et même si ce n’est pas toujours facile, cela en vaut toujours la peine. Qui ne connaît pas ces moments d’émotion silencieuse, de joyeux enchantement ? A tous, il nous arrive de nous enthousiasmer pour quelqu’un ou quelque chose, de ressentir une admiration respectueuse ou une chaleureuse présence. Ce sont toujours des expériences de Dieu en tant qu’amour. En ces moments-là, tu te sens complètement avec les autres, tellement même que tu t’oublies toi-même.

En ces moments-là, notre « moi » pourrait être mort et pourtant, nous nous sentons tellement vivant ! Plus encore : en ces moments-là, le temps s’arrête, nous n’avons pas conscience qu’il continue de s’écouler ! Cet amour brise notre solitude et nous rend profondément heureux. Il nous remet en contact avec la vie, avec la vie éternelle, même. Faire l’expérience de l’amour, ce n’est pas seulement vivre vraiment, mais aussi faire l’expérience de l’éternité.

Si pendant notre vie, nous pouvons déjà faire l’expérience de l’éternité, nous n’avons vraiment plus de souci à nous faire pour l’éternité après la mort. L’éternité ne peut tout de même pas s’arrêter à un moment, et donc pas non plus au moment de la mort ! L’amour ou la fraternité continuent au-delà de la mort, n’est-ce pas ? C’est ainsi que la foi en la résurrection devient bien plus une expérience de la résurrection : « mourir » un peu chaque jour, et vaincre chaque jour un peu plus la mort en participant à l’amour éternel, c’est-à-dire à la vie éternelle.