Document 4 : Ne crains pas, n’aie pas peur.
Ce récit est inspiré d’un bref passage des souvenirs de prison ‘plus de 14 années en tout) du pasteur Richard Wurmbrand, un des grands témoins de l’Eglise du silence en Roumanie, au temps du plein régime communiste et peu avant la dictature de Nicolae Ceaucescu (1918-1989).
Par ma première expérience des années de prison communiste, je savais que j’aurais à subir bien des interrogatoires, des mauvais traitements de toutes sortes, pour être probablement condamné à nouveau à des années de prison… avec la mort dans une cellule pour finir. J’étais donc très découragé et je me demandais si ma foi chrétienne serait assez forte, pour en témoigner jusqu’au bout.
Comme pasteur, on m’avait laissé une Bible et je me mis à repérer soigneusement tous les passages où on lisait : « Ne crains pas ! N’aie pas peur ! » Cette expression est comme un « indicatif » de Dieu dans la Sainte Ecriture. Et j’arrivai à un total de 366 fois – une fois pour chaque jour de l’année, et aussi une 366e fois pour les années bissextiles.
Quand on m’apporta ma pauvre nourriture, je demandai au garde quel jour on était. Or, nous étions précisément le 29 février 1964 – une coïncidence qui me fit comprendre que je n’avais pas besoin de craindre ni d’avoir peur… .
Adapté du livre-témoignage du pasteur luthérien Richard Wurmbrand, Mes prisons pour Dieu (Tournai, Casterman, 1969, p.20). Arrêté et condamné à plusieurs reprises – en 1948, puis en 1959 – pour son apostolat dans l’Eglise clandestine (on alla jusqu’à raconter son soi-disant enterrement à son épouse), ce pasteur bénéficia d’une amnistie générale (en 1964). Il s’enfuit alors avec son épouse Sabine aux Etats-Unis, où il devint un écrivain connu et respecté pour son témoignage radical venu de « L’Eglise du silence ». Dans le Nouveau Testament, l’expression « Ne crains pas, n’aie pas peur » est citée 25 fois dans les Evangiles (surtout Matthieu et Luc) et 15 fois dans la suite (Actes, Paul, Hébreux, 1 Pierre, 1 Jean et Apocalypse).