Vivre, mourir, revivre

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Document 8 : Symboles, ce que les yeux ne voient pas.

« Quel bazar dans ton journal de classe », dit le titulaire à Charlotte en vérifiant son journal de classe. Charlotte le regarde en espérant qu’il ne va pas examiner toutes les cartes et les photos une par une. Elle s’en veut d’avoir oublié de tout retirer avant de donner son journal de classe. Heureusement, le prof se contente de vérifier s’il est complet. Le « bazar » ne semble pas l’intéresser.

Charlotte a souvent des problèmes à cause de son désordre. Son cartable est un vrai fouillis, le matériel scolaire y côtoie des choses incroyables. L’autre jour, dans un accès de colère, sa mère a rangé la chambre de Charlotte et jeté tout ce qui lui semblait inutile. Charlotte a pleuré toutes les larmes de son corps. « C’était donc si important que ça ? » lui a demandé sa mère.

« Pour moi, oui », a-t-elle répondu tout bas. Sa mère n’a pas compris que tout ça, c’était bien plus que des vieilles cartes, des babioles ou des peluches désarticulées. Le T-shirt était un souvenir de l’extraordinaire camp du Patro de l’année dernière. La carte qu’Anouck lui avait envoyée d’Ardenne prouvait à Charlotte que même pendant les vacances, on ne l’oubliait pas. Le contrôle de math d’il y a deux ans lui redonnait du courage avant chaque interro, parce qu’à l’époque le prof y avait noté « tu es capable de faire bien plus que tu ne le penses ». Pour elle, toutes ces petites choses, ce « bazar », ne sont pas seulement des souvenirs mais des symboles. Des symboles d’amitié et de réconfort. Comment expliquer à quelqu’un qu’un vieux ticket de cinéma est bien plus qu’un simple bout de papier qui porte l’indication d’une date et d’un numéro de salle ?

Plus forts que des mots.

Les symboles sont aussi anciens que l’humanité. Chaque symbole renvoie à quelque chose d’important et signifie bien plus qu’il n’y paraît à première vue. Le mot symbole vient du grec « sumballein » qui veut dire « assembler les deux morceaux ». On donne à l’objet, à la personne ou à l’événement plus qu’une seule signification.

Le drapeau de notre pays, par exemple, est bien plus qu’un signe de reconnaissance, ou qu’un morceau de tissu. Il représente tout ce qui touche à notre pays et tout ce que notre pays veut être. Les habitants d’un pays sont souvent très fiers de leur drapeau. Mettre le feu au drapeau d’un pays, c’est signifier que l’on n’a aucun respect pour les habitants et les valeurs de ce pays, ou pour ce qui est accompli au nom de ce pays. C’est un acte symbolique.

Protestation silencieuse.

n acte est beaucoup plus parlant que des milliers de mots. C’est le propre des actes symboliques : ils sont excessivement forts et il est difficile d’y réagir. Prenons un exemple : un employeur met un employé à la porte pour une mauvaise raison. Les autres employés estiment que l’employeur a pris une décision injuste et se rendent en silence chez lui. C’est un acte fort qui exprime à la fois la solidarité et le désaccord. Les employés l’ont bien compris : leur protestation silencieuse a eu plus de poids qu’une bruyante discussion avec l’employeur. L’action solidaire du groupe a également apporté plus de réconfort à l’employé renvoyé qu’une tape sur l’épaule ou quelques mots compatissants. L’employeur, lui, ne peut pas faire grand-chose contre un geste symbolique aussi fort. C’est un puissant message.

Danser avec les invisibles.

Au Chili, les femmes avaient compris, elles aussi, la force des actes symboliques. Il n’y a guère de moyens d’expression dans un pays qui ne connaît pas la liberté d’opinion et où les gens sont tués ou « disparaissent » à cause de leurs convictions. Organiser une manifestation ? Distribuer des tracts ? Faire de la politique ? Dans le cas de ces femmes, tout cela ne servait à rien. Elles risquaient d’être elles-mêmes poursuivies. Mais, pour manifester malgré tout leur désaccord, elles se réunissaient chaque semaine pour raviver le souvenir de leur mari, de leurs fils et de leurs frères disparus. Et elles dansaient avec leurs hommes invisibles. C’était la seule façon qui leur restait d’exprimer leur protestation car, si elles venaient à parler réellement ou manifester avec violence, elles « disparaîtraient » elles aussi.

Des symboles dans des clips vidéo.

Le langage symbolique est souvent très présent dans les textes de chansons et les clips vidéo. Les symboles sont parfois même tellement nombreux qu’il faut les écouter ou les regarder plusieurs fois pour bien comprendre. Dans son clip « Die another Day », Madonna milite contre la peine de mort et contre tous les régimes qui oppriment les gens et la liberté d’opinion. L’histoire commence avec une femme torturée parce qu’elle proteste. Un peu plus tard, deux silhouettes, l’une vêtue de noir, l’autre de blanc, se battent : le noir symbolise le mal, le blanc symbolise le bien. Ici aussi, les symboles sont plus forts que les mots.

Tableaux de sable.

C’est parce que les symboles sont très forts que les religions y ont recours. La croix est le symbole de la religion des chrétiens. Bien que la croix soit un instrument de torture des Romains, elle signifie pour les chrétiens que la mort n’a pas le dernier mot, et que Dieu continue à nous soutenir. Les religions sont emplies d’actes symboliques. Les moines bouddhistes, par exemple, passent des heures à réaliser de magnifiques tableaux de sable qui disparaîtront au premier souffle de vent. Cela ne les trouble pas de savoir que ces chef-d’œuvres auront la vie très courte. Ils croient que tout passe, que rien n’est vrai et que cela n’a aucun sens de s’attacher aux choses. Pendant la Pâque juive, les juifs mangent du pain azyme en souvenir de la précipitation : un pain qui n’a pas eu le temps de lever, tout comme, au temps de Moïse, les Hébreux n’ont pas eu le temps de faire lever le pain avant de fuir l’Egypte.

Symboles anciens et universels.

Les symboles les plus anciens et les plus forts ont presque toujours un lien avec la nature. Le feu est un symbole puissant, il nous réchauffe, mais peut aussi nous brûler. L’eau est signe de vie et de mouvement, et elle nous purifie. Dans de nombreuses religions, l’arbre, qui prend racine dans la terre et s’élève vers le ciel, est un symbole puissant qui relie l’homme au divin. Les symboles n’ont pas tous la même force ni la même longévité. Certains traversent les siècles, d’autres sombrent dans l’oubli ou cessent d’être compris. Il y a des symboles universels que chacun comprend et d’autres qui sont très personnels. Un symbole, c’est donc bien plus que ce que nous voyons au premier regard…